lundi 24 août 2009

La spoliation des terres agricoles continue...en Afrique !

 Après le Madagascar et récemment le Sénégal, les terres agricoles Africaines continuent de défrayer la chronique. En effet, ce sont celles du Mali qui sont sous les projecteurs avec ce projet libyen de s’approprier plus de 100 000 ha dans l'Office du Niger, principale zone rizicole du pays. Via l’entreprise MALIBYA.

A chaque fois le scénario est le même, les populations des pays concernés ne sont mises au courant qu’après la mise en exécution par l’un des contractuels (en l’occurrence l’agroindustriel qui a eu l’aval des autorités) des termes du contrat. Le pire, ces terres sont vendues ou rétrocédées par l’entremise de leurs propres gouvernements. A quel prix ? mystère et boule de gomme !

Ce que nos gouvernants doivent comprendre, c’est que ces terres n’ont pas de prix !

Certes, l’agriculture dans beaucoup de pays en développement a été négligée ces 30 dernières années, aussi bien dans les politiques de coopération au développement que dans les budgets nationaux. Et cela malgré la rectification des uns (la Banque Mondiale à travers son rapport 2008) et des autres (la FAO qui veut aider les agriculteurs pauvres à devenir des entrepreneurs avec l'élaboration d'un manuel).

Le constat est là : c'est le sacrifice de l'agriculture vivrière qui a plombé tous nos outils de développement.

Sans faire une comparaison avec la bataille des contrats miniers en Afrique qui est perdue d’avance. Le combat contre l’accaparement des terres des petits paysans par des grandes entreprises nationales et étrangères vient de commencer et ne doit en aucun cas être laissé aux seules mains de nos autorités. Car contrairement aux mines, notre survie dépendra de la gestion et de la mise en œuvre de ces terres pour ne pas rendre nos pays plus vulnérables combinés aux effets du changement climatique qui sont sans équivoques.

Et si on n’y prend pas garde, cette boulimie foncière aiguisée par la crise alimentaire constitue le séisme alimentaire qui plongera à jamais nos pays dans la Dépendance (par ricochet dans la Famine) et anéantira tout espoir de relance de l’agriculture familiale (des petits producteurs) socle d’une vraie sécurité alimentaire.

Que faire pour faire face ?

La plupart de gouvernements impliqués dans l'octroi des terres justifient leur acte que cela entre dans le cadre de leur projet stratégique de développement. Or contrairement à l'entendement de nos gouvernements tout projet stratégique doit commencer par la mise en exécution de la déclaration de Maputo (consacrer 10% de leur budget national à l'agriculture).

Entre autre, Olivier De Schutter (Rapporteur spécial des Nations Unies sur le droit à l’alimentation) a posé une ébauche de solution à travers 11 Principes pour réguler les achats de terres à large échelle.

Mais surtout qu’est ce qu’il ne faut pas faire ?

Aucun plan d’actions ne doit être élaboré sans un diagnostic associant les principaux concernés à savoir les petits producteurs. D’autant plus que les « partenaires » des politiques de coopération au développement de nos pays occultent le Référentiel des petits producteurs pour les sorties de crises car n’ayant pas le plus souvent les mêmes critères d’appréciation.

Pour preuve la définition de priorités malgré des chiffres sans équivoques. Ce que M. De Schutter a bien traduit en ces termes :

"Evitons de nous laisser trop mystifier par les chiffres. Le récent G8 de L’Aquila a promis 20 milliards de dollars sur trois ans pour l’agriculture dans les pays en développement. Mais que ceci veut-il dire au juste ? Ceci demeure très insuffisant par rapport aux besoins estimés de l’agriculture dans les pays d’Afrique subsaharienne : les agences des Nations Unies, FAO en tête, chiffrent à 25-30 milliards de dollars par an, pour une période de cinq ans, les montants nécessaires à une revitalisation de l’agriculture dans cette seule région. En outre, une partie des sommes promises à L’Aquila avait déjà été programmée dans les budgets des gouvernements. Les promesses des sommets précédents n’ont pas toujours été tenues : à peine la moitié des 10 milliards promis au G8 précédent, tenu à Hokkaido en juillet 2008, ont été déboursés, et une proportion plus petite encore des montants promis lors du sommet mondial sur l’alimentation tenu à Rome en juin 2008 ont été libérés. En outre, ce qui importe, ce ne sont pas seulement les montants versés, mais aussi et surtout leur destination, c’est-à-dire le type de projet de développement qui sera soutenu et la contribution à des stratégies définies au plan national. Je préconise pour ma part deux choses : premièrement, à travers une réforme du Comité de la sécurité alimentaire mondiale de la FAO (Committee on World Food Security (CFS)), une meilleure reddition des comptes de la part des gouvernements, et un contrôle plus rigoureux du respect des engagements pris ; deuxièmement, un réinvestissement dans l’agriculture familiale et durable, par la fourniture de biens publics (moyens de stockage, communications, investissement dans la promotion des pratiques agro-écologiques), plutôt que simplement par la fourniture d’intrants...."

Pour de plus amples informations sur les terres agricoles, lire le site de Farmlandgrag