lundi 19 janvier 2009

Riz Nerica - un autre piège pour les petits producteurs Africains ?

Le Nouveau riz pour l’Afrique (NERICA) a succité beaucoup d'espoir depuis sa mise au point au milieu des années 1990. Mais  si l'on en croit à un nouveau rapport de GRAIN, c'est un autre piège pour les petits producteurs Africains. 

Extraits :

Les variétés de riz Nerica, obtenues par un croisement entre des riz africain et asiatique, sont actuellement qualifiées de « plantes miracles » susceptibles d'apporter à l'Afrique une révolution verte du riz annoncée depuis bien longtemps. Une puissante coalition de gouvernements, d'instituts de recherche, de semenciers privés et de bailleurs de fonds ont engagé une grande initiative pour diffuser les semences de Nerica dans l'ensemble des rizières du continent. Tous affirment que le Nerica donnent de bons rendements et assurer l'autosuffisance de l'Afrique en matière de production rizicole.
 
Le riz représente l'une des principales cultures vivrières en Afrique et il est indéniable que ce continent doit augmenter la production de cette céréale. En partie du fait d'une population urbaine en croissance rapide, l'Afrique sub-saharienne est passée d'une production qui excédait ses besoins en 1961 (112% de sa consommation) à une situation actuelle dans laquelle elle doit couvrir 39% de sa consommation par des importations. Le coût annuel de ces importations atteint presque 2 milliards de dollars.
 
Cependant, hors des murs des laboratoires, le Nerica ne s'avère pas à la hauteur de la publicité tapageuse qui en est faite. Depuis que les premières variétés de Nerica ont été introduites en 1996, les expériences ont été mitigées chez les agriculteurs, qui signalent un certain nombre de problèmes. Les paysans jugent qu'il s'agit d'une culture exigeante par rapport aux variétés locales. Pour obtenir de bons résultats, les paysans doivent avoir une facilité d'accès aux engrais, aux pesticides et aux services de vulgarisation, ce qui n'est pas le cas pour la majorité d'entre eux. Le plus grave problème lié au Nerica est peut-être que sa promotion s'intègre dans un vaste mouvement d'expansion de l'agrobusiness en Afrique, qui menace de faire disparaître les fondements même de la souveraineté alimentaire : les petits producteurs et leurs systèmes locaux de semences .


Lire ici : les avantages de cette nouvelle technologie africaine pour l’Afrique par l'ADRAO

Lire ici (le point de vue contraire de la revue GRAIN) et  (le rapport établi)

vendredi 9 janvier 2009

L’Afrique peut-elle nourrir l’Afrique ?

C'est bien possible, à condition de mettre en place les préalables (en 6 points) définies par, l'actuel Directeur du Centre du riz pour l’Afrique (ADRAO) Pape Abdoulaye Seck (ex DG de l’ISRA) :

1. Augmenter les budgets du secteur agricole, les pays africains ne consacrant en moyenne que 4 % de leur budget à l’agriculture. Près de six ans après la résolution de Maputo, qui exprimait la volonté des 53 États de l’Union africaine de porter à 10 % ce montant, seuls 10 pays ont tenu leur engagement.

2. Investir davantage dans la recherche pour permettre la découverte de solutions techniques mieux adaptées au continent. L’Afrique doit ainsi majorer sa contribution à la recherche scientifique mondiale, où sa participation en capital n’est que de 0,3 %.

3. Maîtriser l’eau pour sécuriser la production et augmenter les rendements. Selon la FAO, l’Afrique n’utilise que 4 % de ses ressources renouvelables en eau. Le riz irrigué permet pourtant de faire deux récoltes annuelles et d’obtenir des rendements trois à quatre fois plus élevés qu’en culture pluviale.

4. Mettre en place des infrastructures de base (stockage, routes, etc.), pour permettre de lutter contre les pertes postrécoltes (qui peuvent représenter 40 à 60 % de la production), mais aussi pour développer des opportunités d’accès au marché et augmenter les revenus des habitants ruraux d’au moins 30 %.

5. Faire des subventions ciblées pour l’acquisition de facteurs de production tels que les semences améliorées, les engrais, l’outillage, etc. En Afrique, pour certains produits tels que le riz, les rendements actuels ne représentent que 30 % environ des rendements potentiels. Il faut donc des subventions ciblées pour compenser le coût des innovations technologiques nécessaires à une hausse significative des rendements agricoles.

6. Enfin, les pays africains doivent soutenir sans faille les stratégies continentales de relance agricole, comme le Programme détaillé pour le développement de l’agriculture africaine (CAADP) du Nepad.

Lu dans Jeune Afrique